dimanche 2 septembre 2012

Raconter l'Heure du Conte. 2

À chaque année c'est la même chose. Je me pointe au rendez-vous le coeur battant à 150 km à l'heure et le feu aux joues. Un peu comme une ado à son premier rendez-vous galant.

 Et à chaque année, je m'émeus devant ce petit groupe d'adultes et de tout-petits, un peu dépourvu, un peu (beaucoup) angoissé. Certains petits pleurent, certains crient, certains sont incapables de se tenir debout. Il y   a tant dans cette scène, dans ces premières minutes chargées d'incertitude, de ce que peut représenter le fait d'être humain.

''Toi là, la madame que je ne connais pas là, TU VEUX QUE JE LUI LÂCHE LA MAIN ET QUE JE PARTE??? '' 

(C'est à se demander lequel des cerveaux formule le message, celui de l'adulte ou celui du tout-petit?  Probablement les deux.)

Pourtant, dès que je dis :

''Meuh, oui. Je n'ai aucun problème avec ça moi, que tu apportes ta/ton poupée/doudou/auto miniature/montre etc. dans la pièce..." un bris palpable dans la tension, se fait ressentir.

C'est pas mêlant, on peut presque entendre le soupir de soulagement...


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Certains petits prendront toute l'année pour intégrer l'Heure du Conte dans leur schéma corporel. Certains auront fait le tour de la question dès la première fois. Cette prédisposition est impossible à prédire et aussi instable que la météo.

Et qu'est ce qu'un schéma corporel? En gros, c'est la capacité du cerveau de l'être humain à se représenter une expérience et de bouger/agir/se comporter en conséquence. Nous, adultes, le faisons sans y accorder la moindre pensée, même face aux situations chargées d'inconnu. C'est le fruit de notre maturité et aussi peut-être, le fruit d'avoir grandi à une époque beaucoup moins stimulante. Or, pour le système nerveux d'un tout-petit, tout reste à faire et à apprendre.

 Voici un peu se qui pourrait se passer dans le système nerveux de votre bout d'chou, le 11 septembre au matin, à la bibliothèque (et/ou face à n'importe qu'elle nouvelle situation ) :

'' Hmmmmm. Bâtiment que je n'ai jamais vu de ma vie. Mère/père me parlant d'une affaire bizarre qui va se passer. Des histoires, avec les amis. Bla, bla, bla. Mère/père a sa face de quand je me fais garder. ALARME. Beaucoup d'enfants que je ne connais pas. Attention, situation potentiellement dangereuse, augmentation du rythme cardiaque et respiratoire, rapatriement des réserves de sang vers les régions utiles au mode de fuite, ralentissement de la digestion, évacuation de la vessie.) Madames/Monsieurs que je ne connais pas. Eux aussi ont leur face de '' quand je me fais garder.'' ALARME. C'est qui ça la madame là. Je la connais pas ELLE cette Caro. Elle vient de dire que je m'en vais avec ELLE. TOUT SEUL/E. PAS DE MAMAN/PAPA. ALARME. Et de produire un bon coup d'hormones de stress. Et que je me mette à crier etc, etc.''

(Soit dit en passant, ce scénario pourrait également se produire dans le cas d'un tout-petit qui fréquente régulièrement la garderie. Parce que le contexte est tout à fait différent. Tout est toujours question de contexte.)

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Comment faire donc, pour faciliter l'intégration de cette expérience?


1- Tant que faire se peut, arrivez au moins 5-10 minutes avant l'heure prévue. Rien de pire pour un boutd'chou que d'arriver comme un cheveu sur la soupe. Trop gênant.

2- Acceptez d'emblée la demande de votre enfant d'apporter  un objet transitionnel. Je m'occuperai d'en gérer la présence dans le local. J'ai l'habitude.

3- Si l'enfant démontre une certaine anxiété, demeurez souple pour ce qui est de la durée sa présence dans la salle. Vaut mieux dans ce cas, une exposition graduelle à l'activité. N'hésitez pas à me consulter pour établir une stratégie.

4- Au sortir de l'activité, évitez les questions du genre : '' C'était quoi l'histoire. '' Ça parlait de quoi? '' Optez plutôt pour une question simple et fermée, par exemple : ''As-tu aimé ça? '' et laissez la joie qu'éprouve votre enfant de vous revoir, le rassurer et l'habiter... Il sera toujours possible pour vous, à un moment plus opportun, de revenir sur l'activité car je m'efforcerai de vous procurer sur ce blogue, un petit topo des histoires sélectionnées.


Je vous attends tous avec joie, et vous remercie de me permettre de vivre, à tous les mardis, cette très belle et très riche aventure.


Bonne rentrée. Rendez-vous le 11 septembre à 9:15,

Caro.