mercredi 16 octobre 2013

Je. Tu. Nous.

Une autre petite tempête s'est abattue sur une de mes petites Souris, cette semaine à l'Heure du Conte.

Cette fois-ci, le tandem Caro-Maman n'a pas réussi à calmer les eaux. Maman et moi avons cependant demandé à notre petite Souris-Matelot de regarder partout dans la Salle de Lecture, histoire de bien la faire entrer dans sa mémoire. Je lui ai aussi montré ou nichaient nos pigeons, au printemps dernier.

Et puis mon petit bonhomme est reparti avec Maman. Pas plus grave que ça. On se reprendra une autre fois.

Dans la vie, on a assez de ces Tempêtes qui vous chavirent le navire.

Pas la peine d'en faire une dans un verre d'eau.

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Hier, on a un peu fait les choses à l'envers. Je m'explique.

Vous voyez, la plupart de mon petit monde commence à peine à saisir toute la complexité du concept que voici : Dans mon univers, il y a d'autres personnes, des personnes qui ont somme toute une apparence très semblable à la mienne. Hmmm. Ils parlent comme moi. Bougent autour de moi. Hmmm.

 J'irais même jusqu'à dire, que selon ce que j'observe, par les temps qui courent, ce repli sur soi, semble perdurer bien au delà de l'âge prévu par les psychologues. Compte tenu de ce que notre minuscule système nerveux Sourissimo a à engranger comme stimulation et ce sur une base journalière, nul ne saurait s'en étonner.

Nous, grandes personnes, oublions trop souvent que le fait d'interagir avec l'Autre n'est pas forcément acquis. Que d'interagir avec l'autre est un comportement qui s'apprend et qu'une partie intégrante de l'acquisition et de l'intégration de cet apprentissage réside dans la capacité d'être capable de se mettre à la place de l'Autre.

Retournons à Piaget et à sa théorie, en particulier, le stade pré-opératoire :

(Extrait d'un excellent site, le Cerveau à tous le niveaux!)

''Le deuxième stade est celui de la période pré-opératoirequi débute vers 2 ans et se termine vers 6 - 7 ans. Durant cette période qui se caractérise entre autres par l’avènement du langage, l’enfant devient capable de penser en terme symbolique, de se représenter des choses à partir de mots ou de symboles. L’enfant saisit aussi des notions de quantité, d'espace ainsi que la distinction entre passé et futur. Mais il demeure beaucoup orienté vers le présent et les situations physiques concrètes, ayant de la difficulté à manipuler des concepts abstraits. Sa pensée est aussi très égocentrique en ce sens qu’il assume souvent que les autres voient les situations de son point de vue à lui.''

Hmmm... Voilà donc ce qui expliquerait pourquoi mes petites Souris ont la fâcheuse tendance à venir coller leur nez sur mon livre, histoire de mieux voir les images. Et provoquer, 9 fois sur 10, le scénario qui suit :

Petite Souris s'approche du livre, histoire de mieux voir l'image.

Réaction du groupe : Eeeeeilllle! Caro! Ze vois Riiiiiiien!!!!  (Grosse houle. Gros, gros verre d'eau.)

Je sais très bien que ma Souris à Grosse tête, est incapable de concevoir qu'en agissant de la sorte, le beau livre de Caro se voit caché par sa Grosse tête. Je sais très bien qu'elle pourrait mettre un sacré bout de temps avant d'être capable de s'imaginer que les autres ne voient plus le beau livre de Caro mais bien sa Grosse tête bouclée\blonde\tressée\à Pics-pics (variable selon la Souris). Est-ce que je me fâche? Est-ce que je lui dis qu'elle est malpolie? Meuh non. Je sais bien que cela ne donne absolument rien. Rien de Rien.

 Je dis tout simplement:

-Hey! Ma Petite Souris! Va te rasseoir. Parce que quand tu mets ta Grosse Tête (bouclée\blonde\à Pics-pics (variable selon la Souris) les amis, ils ne voient plus le livre, ils voient ta Grosse tête. (9 fois sur 10, la Grosse tête en question me trouve pas mal drôle. Et là, j'ai droit à un des plus beaux sons sur la planète: j'ai nommé le rire d'un enfant.)

Et la Petite Souris d'aller se rasseoir. Jusqu'à la prochaine fois de prochaine fois de la prochaine fois de la prochaine fois.

Suis-je un modèle Mère Thérèsien de patience et de bonté? Pffft. Pas du tout. J'ai tout simplement compris le principe. Je sais que l'ouverture sur l'Autre mettra un sacré bout de temps avant d'être bien installée. Parce que l'empathie c'est comme un muscle, ça se travaille.


Ce qui m'amène à la lecture de la semaine : J'aime L'Automne! Pour être bien franche, ce livre, hormis le fait qu'il soit interactif, est plutôt, euh, ordinaire.

Je l'ai choisi pour deux raisons.

1) Il constitue un excellent moyen de changer le contexte de l'activité et donner un tout nouveau point de vue aux Souris.

2) Il est conçu de sorte à donner à l'enfant, la nette impression d'être en train de lire l'histoire avec son parent\éducatrice.      

Et lorsqu'un tout-petit de 3-4 ans se met à ''lire'', croyez-en ma parole, toute trace de Bougeotte est instantanément éradiquée!

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Le principe est assez simple : pour permettre à l'enfant de ''lire'', certains mots ont été remplacés par une illustration. Disons que côté scénario, on pourrait faire mieux. Mais le plaisir qu'ont les enfants de dire le mot en question, compense largement pour toute lacune stylistique.

 Pour faire différent, j'ai demandé aux Souris de s'asseoir à côté de moi, comme ceci :



D'ordinaire, les choses ressemblent un peu plus à ceci :




Parfois, les petits changements peuvent faire une très grande différence.

Tout nouveau point de vue. Toute nouvelle façon d'évoluer auprès de L'Autre.

Simplissimo, Sourissimo.

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-En bref :

Je viens d'expliquer à mon petit bonhomme, que bien qu'il ait ÉNORMÉMENT envie de faire pipi, je ne peux pas le laisser aller aux toilettes parce que son éducateur a dû quitter la bibliothèque. Et lui de me dire, le visage obscurci par la déception.

-Je suis fâché. Je trouve pas ça le fun. C'est pas de la faute à personne. Suis zuste fâché.

Quatre ans mesdames et messieurs.

Quatre années sur la belle Boule Bleue et déjà sage comme le Dalai Lama.

Merci d'être ce que vous êtes,

Portez-vous bien,

Caro.

















http://www.pbs.org/parents/education/files/2012/02/467x267-kindergartenclass-ts.jpg

mardi 1 octobre 2013

Fondre en larmes. 2

(Je disais donc qu'une fois ma souris-Inquiète suffisamment rassurée pour se laisser convaincre de quitter Maman, il serait possible pour nous d'aller vers autre chose.)


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Mon petit bonhomme n'était pas entièrement convaincu mais Maman avait eu l'excellente idée d'apporter Mr. lapin. (Sans doute la peluche favorite de notre petite Souris.)

Ces objets peuvent parfois nous être d'un recours précieux dans de telles situations. On les appelle les objets transitionnels


Cette journée là, mes instincts de chanteuse de Jazz ont pris le dessus et j'ai pu me servir de Mr. Lapin Doudou pour transmettre plusieurs petits messages.


-Caro ( voyant l'inquiétude faire s'écarquiller les beaux grands yeux bleus de mon Tout-Petit.)

Est-ce que tu penses que tu aurais moins de peine si tu t'asseyais sur mes genoux?

-Souris-Inquiète (lèvre supérieure tremblottante) : Boui.

Souris-Inquiète s'assied sur mes genoux. (Joie de joie. Mes filles à moi sont bien grandes désormais. 19, 18 et 16 ans.)

Je tiens à préciser que le reste du groupe est sage comme une image. Et je prends tout mon temps avant de commencer à raconter l'histoire. Parce qu'il est important pour moi d'exposer le reste de la bande  à la Tourmente de leur petit ami. L'empathie, c'est comme un muscle, ça se développe. Et c'est au contact des émotions des autres, de la réponse motrice de L'autre dans son émotion, qu'il devient possible pour nous de l'apprivoiser, de l'assumer et enfin, de l'habiter. En comprenant mieux l'émotion dans son propre corps, il me semble logique de postuler que l'on devient mieux outillé dans la compréhension de l'émotion de l'Autre.

Et moi de poursuivre mon improvisation.

-Caro (j'ai enlevé ma veste) : Tu veux bien me prêter Mr. Lapin?

-Souris-Inquiète :  Boui.

Je prends Mr.Lapin. Je le dépose sur le tapis. Je prends ma veste. La dépose sur Mr. Lapin. Parti Mr.Lapin.

-Caro : Dis-moi mon Chou, (parce qu'on ne se lasse jamais d'entendre des petits mots doux.) où est-il parti Mr. Lapin.

-Souris-Inquiète : Euuhh? Il est là, en-dessous du chandail?

-Caro : Ben oui. Tu ne le vois plus mais il est toujours là Mr. Lapin. Comme Maman. Maman tu ne la vois plus. Mais elle est encore là, assise sur les chaises, de l' autre côté de ma fenêtre.

-Souris-un-petit-peu-moins-inquiète : Elle est sur les chaises, elle est pas partie?

-Caro (la gorge un tant soit peu nouée et l'oeil un tant soit peu brumeux) Non mon P'tit Minou, (parce qu'on ne se lasse jamais d'entendre des petits mots doux.) Elle n'est pas partie Maman, même si tu ne la vois plus.

Le reste de la bande demeure toujours aussi sage. À l'exception d'une de mes demoiselles qui nous lance cette merveille, du tac au tac :

-Ben, s'est comme avec nos bébés pigeons sur le bord de la fenêtre, tsé, ils sont rendus assez grands pour s'envoler. On ne les voit plus mais ils sont en quelque part dans la forêt. Ils sont assez grands pour manger leurs bébittes tous seuls...

Véritable musique à mes oreilles. Du vrai beau Jazz.

À suivre.

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Lectures de la semaine :

Raconte-moi une histoire Stella.

Benjamin fête l'Halloween.

Vocabulaire : Étang, Chef d'orchestre.

En bref :

Caro : Tirez sur vos oreilles, j'ai quelque chose de Moulto Importanto à vous dire :

- '' Il n'y a pas de questions stupiiiiiides.''

(Après que j'eus commencé l'histoire depuis un bon moment.)

-Caro?

-Oui mon Loup?

-Je peux-tu arrêter de tirer sur mes oreilles? (Qui ont viré ma foi, au bourgogne.)


Portez-vous bien et merci de me les emmener.

Caro.